ARDOTA, le premier groupe de rock d’ados de Figeac
1977. Sur le chemin qui les mènent au collège, deux adolescents, Alain Abad et Xavier Reiniche, remarquent qu’ils ont écrit au marqueur les mêmes noms de groupe, ceux de Deep Purple et de Led Zeppelin, sur leurs sacoches de stock américain leur servant de cartable. Ils ne sont pas très nombreux à cette époque à écouter les pionniers du hard-rock, et se sentant appartenir à la même petite tribu, les deux garçons vont entamer la conversation sur leur passion commune, et rapidement se lier d’amitié. Fait rare pour l’époque, Alain a sa propre chaine hi-fi, et les deux garçons passeront de longues heures dans sa chambre à écouter les derniers opus de leurs groupes préférés tout en dévorant les articles leur étant consacrés dans Best et Rock & Folk.
De là, va germer l’impensable idée de monter leur propre groupe de rock, Alain se sentant un penchant pour la basse et Xavier pour la batterie. Nous sommes en 1978, internet n’existe même pas en rêve, et les magasins d’instruments de musique les plus proches se trouvent à Toulouse, à 160 kilomètres de Figeac. Qu’à cela ne tienne, ils vont persévérer et vont arriver à embarquer deux autres copains dans l’aventure, Serge Arnal au clavier et Jérôme Lagarrigue à la guitare. ARDOTA est né. C’est le premier groupe de rock d’ados de la région. Une première qui permettra au quatuor, plus que leur virtuosité incertaine, d’acquérir une notoriété qui dépassera vite les limites du figeacois. Jérôme handicapé par des problèmes rythmiques quitte rapidement le groupe, et Serge, sommé d’abandonner le clavier, prendra la guitare au pied levé.
De trio le groupe va passer à quintet avec l’arrivée d’Yves RICOU au chant et Pierre MONTASTIER à la guitare rythmique. Nous sommes au début des années 80 et un groupe vient de chambouler le paysage rock : AC/DC. Ce sera l’âge d’or des grands groupe de bals rock, avec le plus illustre d’entre eux PATHUS CREMAT, mais aussi LES LEADERS, MARSHALL BAND (avec Jean-Pierre Bigey à la basse, qui ultérieurement rejoindra Michel Fraysse dans BATON ROUGE en tenant les baguettes cette fois), JOHNNY AND CO sans oublier LES GOLDFINGER, qui plus tard, oubliant leurs racines, deviendront les GOLD et inonderont la France de leurs infâmes mièvreries variétoche. ARDOTA suit le mouvement et monte un set moitié AC/DC et moitié STATUS QUO, autre grand groupe de cette époque.
Voulant imiter leurs illustres mentors, les instruments à cordes jouent tous sur amplis à lampes : Marshall pour les guitaristes, Hiwatt pour le bassiste. Les moyens des uns et des autres étant assez réduits, les jeunes musiciens commandent uniquement les têtes d’amplis à Jean-Paul “Paulou” Delmas qui vient d’ouvrir Au joyeux Fa Dièse à Figeac, plus des hauts-parleurs Célestion, et passent des week-end entiers à se fabriquer leurs enceintes. Les répétitions se font à des niveaux sonores démentiels, le seul réglage que semblent connaître les musiciens est tout à fond. C’est un miracle si personne n’est devenu sourd. Ce déluge infernal de décibels vaut au groupe de se faire régulièrement évincer de la maison familiale servant de local improvisé. Aussi doivent-ils tourner : un trimestre chez Serge, un trimestre chez Alain, un trimestre chez Xavier…etc. Cette époque sera marquée par un penchant immodérée pour la boisson, et des concerts mémorables au château de Lacapelle Marival et au Centre Social de Figeac. C’est aussi l’époque des premiers pétards et des premiers amours sérieux.
En 1981, Pierre devant passer le BAC, Yves changeant de carrière professionnelle, le groupe se sépare.
Alain ABAD a fait une belle carrière professionnelle dans diverses formations de bal. Il continue toujours et joue aujourd’hui avec Michel Bézelgue.
Serge ARNAL a fait une très belle carrière professionnelle ; d’abord en groupe dans Jean-Yves Astier et série limitée, puis en bal-rock dans Sexe Dur. Il finira sa carrière au début des années 2000 dans des grosses formations de bal variété.
Pierre MONTASTIER marchera sur les traces de son père et rentrera à la SNCF après son BAC C, où il fait une belle carrière. Fréquentant pas mal de musiciens (son frère est batteur professionnel dans KASH TEXAS BLUES, son fils accompagne parfois Pierre DORSO à la batterie) il n’hésite pas à faire la boeuf de temps en temps.
Yves RICOU participera ensuite à l’épopée One Night Stand avec Xavier. Puis il partira vivre de nombreuse années à La Réunion, ou il formera un groupe avec un autre ancien de One Night Stand, devenu entretemps son beau-frère, Pierre Lys.
Jérôme LAGARRIGUE n’a jamais refait de musique depuis son départ d’ARDOTA.